Cet article fait partie de la série « Sur le thème de la confiance », une suite de publications d’invités où nous explorons la relation entre la sécurité et la confiance à travers les paroles de leaders d’opinion qui font progresser notre secteur.
Josselyn Le Moing est CEO de Cyberlift, cabinet de conseil en cybersécurité basée en France, qui accompagne les grandes entreprises et les PME dans tous leurs projets de cybersécurité (conformité, formation des équipes, conseil technique etc.).
Ce n’est un secret pour personne : la cybersécurité est souvent reléguée au second plan… jusqu’à ce qu’une crise survienne. Dans un monde idéal, les organisations seraient proactives et renforceraient méticuleusement la sécurité de leur environnement sans attendre un signal d’alerte. Mais dans la réalité, ce qui déclenche généralement la mise en place de mesures de sécurité sont : un accord commercial majeur en jeu, une crise de réputation imminente ou le risque de pertes financières importantes liées à une faille.
Heureusement, cette approche réactive évolue lentement mais sûrement. Ces dernières années, la pression constante a forcé les organisations à prioriser la sécurité de façon continue. Le risque lié aux tiers explose, les acheteurs sont de plus en plus exigeants (réclamant des preuves concrètes de sécurité), et les exigences réglementaires évoluent sans cesse, notamment en Europe et avec l’arrivée de nouvelles technologies comme l’IA.
Bien que ce ne soit pas toujours un système entièrement proactif (les pressions externes l’emportent souvent face aux volontés interne de sécurité), cette pression croissante pousse indéniablement davantage d'organisations à améliorer continuellement leur sécurité.
Le paysage de plus en plus complexe fait également évoluer la cybersécurité, qui n’est plus seulement le domaine réservé au service informatique, mais qui devient un sujet et une priorité cruciale lors des conseils d’administration. Une posture de sécurité solide ne consiste plus seulement à éviter les failles. La cybersécurité devient un avantage concurrentiel significatif, un moyen de réduire les risques financiers, d'accélérer les cycles de vente, et est un élément fondamental pour permettre l’adoption de technologies innovantes comme l’IA.
La cybersécurité n’est pas toujours l’aspect le plus « glamour » d’une entreprise, mais elle devient rapidement un facteur de différenciation clé dans les marchés concurrentiels. Il faut la voir comme un outil puissant permettant de se démarquer. Lorsque plusieurs offres se ressemblent, les acheteurs se tournent souvent vers l’entreprise qu’ils jugent la plus sécurisée car la sécurité inspire la confiance, et la confiance est une émotion motrice chez les acheteurs. Les décisions d’achat ne sont pas toujours guidées par la logique; des émotions comme la confiance jouent un rôle majeur.
Positionner la cybersécurité comme un avantage concurrentiel en fait immédiatement un sujet évoqué en conseil d’administration. En termes simples : si vous n’êtes pas sécurisé, les contrats ne se signeront pas. La peur de perdre des affaires au profit d’un concurrent mieux sécurisé est un moteur puissant pour les dirigeants. Gagnez la confiance des prospects et clients grâce à des pratiques de sécurité solides est essentiel pour favoriser la croissance de l’entreprise.
Au-delà de la croissance, une cybersécurité solide joue un rôle crucial dans la réduction des dépenses financières. Le bénéfice le plus évident est la prévention des failles de sécurité, qui est l’un des objectifs premiers de la sécurisation de l’environnement. Éviter ces incidents permet d’éviter des pertes financières massives et des amendes réglementaires.
Mais les avantages financiers vont plus loin. De bonnes pratiques de sécurité peuvent accélérer les cycles de vente. En démontrant, de manière proactive, une posture forte en cybersécurité, il est possible de fluidifier significativement le processus commercial. Se conformer à des réglementations comme DORA, par exemple, est une excellente façon de démontrer son engagement en matière de sécurité. Les certifications et le respect de cadres robustes rassurent les clients, les rendant plus enclins à signer rapidement. Cela peut accélérer considérablement les examens de sécurité et les cycles de due diligence, permettant de conclure les accords plus vite. Et lorsque la sécurité génère plus rapidement des revenus pour l’entreprise, il devient plus facile d’obtenir le soutien du conseil d’administration pour investir davantage dans ce domaine.
Naturellement, de nombreuses inquiétudes entourent la sécurité et l’usage de l’IA. Mais le potentiel de l’IA pour révolutionner les opérations commerciales et accroître l’efficacité est indéniable. Les dirigeants d’entreprise reconnaissent que l’adoption de l’IA est essentielle pour assurer leur succès futur et améliorer leur efficacité. Pour atténuer les risques inhérents tout en tirant pleinement parti des immenses bénéfices business de l’IA, un programme de sécurité solide est indispensable.
L’objectif n’est pas de sécuriser l’IA elle-même — cela serait bien trop vaste et complexe pour une seule organisation. L’enjeu est plutôt de sécuriser l’usage que fait votre entreprise de l’IA. Cette approche donne à la cybersécurité une importance encore plus grande. Ainsi, la sécurité devient la base de l’innovation et de l’efficacité opérationnelle — une priorité stratégique du conseil d’administration, avec un impact direct sur les résultats financiers et l’avenir de l’entreprise.
Le discours autour de la cybersécurité évolue fondamentalement. Ce n’est plus seulement un levier à actionner en cas de problème. La cybersécurité est de plus en plus reconnue comme un élément fondamental de la croissance, un avantage concurrentiel majeur, et un catalyseur essentiel de l’innovation. À ce titre, elle revendique légitimement sa place parmi les priorités stratégiques des comités de direction.
This article originally appeared as part of Vanta's "On the topic of trust" series, linked here."